Un hymne à l’amour impossible. C’est ainsi que l’on pourrait définir le chef-d’oeuvre de Verdi. Adapté de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, il raconte l’amour déchirant entre Violetta, femme libre et sans attache, et Alfredo, jeune homme d’une grande famille. Un drame où le spectaculaire s’allie à l’émotion pour offrir l’une des plus belles pages que le Romantisme ait écrite.
La Traviata est un opéra qui sublime le mélodrame et cultive les paradoxes. Il célèbre le bonheur désespéré et transcende l’amour en le rendant plus fort que la mort. Il nous rappelle que la passion vaut d’être vécue jusqu’à l’extrême.
Dans notre parti-pris, La Traviata ne se placera pas dans une temporalité précise, mais dans l’imagerie universelle du carnaval de Venise où nous situons l’action.
Ici, Violetta, face à sa mort annoncée, a invité la « Jet Set » parisienne au carnaval de Venise pour s’oublier avec elle dans les fêtes déguisées et masquées. Les époques se mélangent, les pistes se brouillent et les identités s’échangent et se confondent. Ainsi, en l’espace furtif et intense d’un instant, Violetta, la fille perdue, deviendra une amoureuse inconditionnelle et Alfredo, le jeune homme romantique, transgressera ses principes d’éducation pour aimer une fille de « peu de vertu ».
Venise est la ville de l’amour et de la séduction, et son carnaval y imprime son mystère et sa décadence. Comme dans le chef-d’oeuvre de Verdi, l’ombre de la Mort y plane, que ce soit au détour d’une rue, d’un pont ou d’un palais abandonné… La Mort s’invitera donc en personne dans le spectacle et y deviendra un personnage à part entière.
Elle suivra les pas de Violetta, de la fête masquée du palais vénitien où cette dernière rencontre Alfredo, jusqu’au moment de l’emmener avec elle pour toujours…
Notre Traviata sera un long flash-back retraçant les derniers mois de Violetta. Tous les protagonistes qui l’ont côtoyée viendront parler d’elle à divers moments du drame, témoignant ainsi de scènes dont ils ont été les témoins. Ils nous restitueront l’histoire dans toute sa clarté, nous permettant ainsi d’apprécier les airs splendides de cet opéra, tout en étant à l’écoute de leur émotion.
Que cette Traviata soit un voyage pour toutes les générations à travers une suite de tableaux hauts en couleur où masques et ombres nous transportent dans une Venise rêvée et intemporelle, écrin de l’émotion intense où la Mort et l’Amour mènent la danse d’un carnaval endiablé.
NED GRUJIC, NOTE DE MISE EN SCÈNE