Faust, de Charles Gounod
Opéra en 5 actes
Librettistes : Jules Barbier et Michel Carré, d’après la pièce éponyme de Goethe
Compositeur : Charles Gounod
Composition : entre 1839 et 1859
Création :
- version avec dialogues parlés : le 19 mars 1859 au Théâtre-Lyrique à Paris
- version avec récitatifs : le 3 mars 1869 à l’Opéra de Paris
Faust est le mythe par excellence. Les références à cette histoire foisonnent dans tous types d’oeuvres d’art, et ce depuis le XVIème siècle. Il ne se démode jamais car il aborde les préoccupations existentielles qui nous animent tous à différents moments de notre vie. En effet, qui n’a jamais souhaité posséder la vie éternelle pour éviter la mort, la séduction pour atteindre la jouissance immédiate, l’accès facile à la connaissance, au pouvoir et à la réalisation de ses fantasmes ?
Pour livrer cet opéra de manière ludique et accessible au plus grand nombre, nous le traiterons comme une comédie musicale avec les scènes parlées conçues à l’origine, ainsi que des chorégraphies qui mettront en valeur les airs chantés et les passages spectaculaires. Le tout traité à travers la dimension allégorique d’un conte.
L’idée est de rétablir dans notre version les codes du Fantastique, prisme rarement abordé dans les productions de ces dernières années.
Apparitions, disparitions, transformations vont se dérouler dans un monde magique proche de l’univers de Tim Burton et de l’imagerie gothique qui va si bien au romantisme de la musique de Gounod.
Plonger le public dans un voyage musical et théâtral plein de mystère, de féerie et d’émotion, c’est le pacte que nous nous engageons à signer pour le plus grand plaisir des spectateurs !
NED GRUJIC, NOTE DE MISE EN SCÈNE
SYNOPSIS
Acte I
Le vieux savant Faust, las de la vie, s’apprête à mettre fin à ses jours. Se révoltant contre la science et la foi, il invoque le diable (« Mais ce Dieu que peut-il pour moi ? »), qui apparaît sous la forme de Méphistophélès. Celui-ci propose un pacte : il se mettra au service de Faust et exaucera son vœu d’une nouvelle jeunesse, en échange de quoi le savant devra le servir en Enfer. Pour convaincre Faust, Méphistophélès lui fait apparaître l’image de la belle et jeune Marguerite. Séduit, le vieux savant finit par signer le contrat et se transforme immédiatement en riche jeune homme (« À moi les plaisirs »).
Acte II
La ville est en fête. Valentin, le frère de Marguerite, se prépare à partir à la guerre avec ses confrères soldats et confie la protection de sa sœur à ses deux amis Wagner et Siebel. Méphistophélès apparaît soudain et les divertit avec une chanson (« Le veau d’or »). Valentin se met en colère lorsque Méphistophélès prend à la légère le nom de sa sœur, mais son épée se brise en l’air avant d’atteindre sa cible. Confrontés à une puissance surnaturelle, Valentin et ses compagnons brandissent les pommeaux en forme de croix de leurs épées devant le diable. Méphistophélès reste seul en scène mais est bientôt rejoint par Faust et un groupe de valseurs villageois (valse et chœur : « Ainsi que la brise légère »). Lorsque Marguerite apparaît parmi eux, Faust lui offre son bras ; elle repousse ses avances et s’en va prestement.
Acte III
Marguerite est de sortie. Siebel en profite pour déposer un bouquet à son intention (« Faites-lui mes aveux »). Faust et Méphistophélès entrent ensuite dans le jardin ; pendant que le diable s’occupe de trouver un cadeau pour la jeune fille, Faust chante les éloges de la maison de Marguerite (cavatine : « Salut demeure chaste et pure »). Méphistophélès revient et dépose un coffret à bijoux à l’attention de la belle. Marguerite revient ; d’abord hésitante à la découverte du coffret, elle finit par essayer les joyaux (« Ah ! je ris de me voir si belle en ce miroir »).
Alors que Dame Marthe (la voisine et gouvernante) et Marguerite s’interrogent sur la provenance des bijoux, Méphistophélès et Faust les rejoignent. Le diable séduit Marthe pour la distraire pendant que Faust converse avec Marguerite, qui se montre encore assez réservée à son égard (quatuor « Prenez mon bras »). Bientôt seuls, la jeune fille se laisse embrasser par Faust puis elle s’écarte subitement et lui demande de s’en aller. Faust pense que ses avances ont échoué mais Méphistophélès le persuade de rester sous la fenêtre de Marguerite, qui exprime son désir de le revoir. Faust la rejoint alors, laissant le diable veiller sur eux dans la nuit.
Acte IV
Des mois ont passé. Marguerite a donné naissance à leur enfant mais a été abandonnée par Faust. Siebel tente en vain de la réconforter. Tourmentée, Marguerite se rend à l’église pour prier mais elle est arrêtée, d’abord par Méphistophélès et après par un chœur de démons. Elle finit sa prière mais s’évanouit lorsqu’elle est maudite par Méphistophélès.
La scène change. Dans la rue, Valentin et les soldats reviennent de la guerre et chantent un chœur martial (« Gloire immortelle de nos aïeux »). Valentin entre dans la maison de sa sœur. Arrivent Faust et Méphistophélès. Ce dernier chante une sérénade moqueuse sous ses fenêtres. Valentin sort et cherche à savoir qui est le père de l’enfant de Marguerite, puis provoque Faust en duel. Ce dernier, qui bénéficie de la protection de Méphistophélès, blesse Valentin sans difficulté et le laisse gisant sur le pavé. Valentin meurt en héros sur la place du village en rejetant la faute sur Marguerite (« Soit maudite ! La mort t’attend sur ton grabat ! […] Moi, je meurs de ta main, et je tombe en soldat ! »).
Acte V
Méphistophélès emmène Faust dans les montagnes du Harz pendant la nuit de Walpurgis, puis dans une caverne de la vallée du Brocken qui accueille un banquet des reines et courtisanes de l’Antiquité. Méphistophélès lui promet une nuit d’abondance, de débauche et de plaisirs, un aperçu de « son royaume ». Cependant, ces festivités n’arrivent pas à distraire Faust ; il ne peut oublier Marguerite, a une vision d’elle et supplie le diable de la revoir.
Marguerite a été emprisonnée pour infanticide. Grâce à Méphistophélès, Faust a obtenu les clefs de sa cellule. Les amants chantent un duo puis le jeune homme la supplie de s’enfuir avec lui. Méphistophélès apparaît pour achever de la convaincre. Marguerite, reconnaissant le diable, résiste et en appelle à la protection divine. La jeune fille est finalement exécutée, expiant ainsi ses péchés, et la foule acclame son âme qui s’élève vers les cieux.
DISTRIBUTION
Direction artistique et musicale : Laurent BRACK
Mise en scène : Ned GRUJIC
Assistante mise en scène : Laura DUPONT
Cheffe de chœur : Lucile MATHEVET
Cheff.e.s de chant : Nathalie DANG, Ferenc VIZI, Aeyoung BYUN
Pianiste accompagnatrice : Jewel NG
Faust – ténor : Xavier FLABAT
Marguerite – soprano : Laura BAUDELET
Méphistophélès – basse : Pierre-Michel DUDAN
Siebel – mezzo-soprano : Ombeline SÉGOT
Valentin – baryton : Aurélien GASSE
Marthe – mezzo-soprano : Angéline MOIZARD
Wagner – baryton : Ronan DEBOIS
Chœur et Orchestre : Sein’Opéra
Directrice de production : Mariène GIACOMOTTO
Assistante de production : Madeleine PAUX
Stagiaire de production : Lilah IMMERECHTS
Création et régie lumières :
Avec la participation de l’équipe technique de CourbevoiEvent.
Régisseuse : Lolita DE OLIVEIRA
Stagiaires régie : équipe formée par la Mission Locale Rives-de-Seine
Décors : Lycée de Prony (Asnières-sur-Seine)
Costumes : Lycée Louise Michel (Nanterre), Lycée Polyvalent Jules Verne (Sartrouville), Atelier couture formé par la Mission Locale Rives-de-Seine
Maquillage : Lycée Vassily Kandinsky (Neuilly-sur-Seine), IFPM — Institut de Formation et Perfectionnement aux Métiers (Nanterre)
Coiffure : IFPM — Institut de Formation et Perfectionnement aux Métiers (Nanterre)
Accueil et promotion : Lycée Paul Painlevé (Courbevoie), Lycée de Prony (Asnières-sur-Seine)
Charles Gounod
Charles-François Gounod est un compositeur français, né en 1818 à Paris et mort en 1893 à Saint-Cloud.
Il est issu d’une famille d’artistes ; son père est peintre et sa mère professeure de piano. Charles est l’un de ses premiers élèves. Après son baccalauréat, le jeune Charles décide de poursuivre des études de musique et entre au Conservatoire de Paris.
En 1839, il remporte le Grand Prix de Rome pour sa cantate Fernand, ce qui lui permet de rester à la Villa Médicis et de poursuivre son apprentissage musical, notamment la musique religieuse. Il se lie également d’amitié avec la sœur de Félix Mendelssohn, qui lui fait découvrir les romantiques allemands. Il écrit ses premières mélodies en 1842, notamment sa Messe de Rome et un Requiem. De retour à Paris en 1843, il est engagé comme organiste et maître de chapelle à l’église des Missions étrangères jusqu’en 1848, date à laquelle cesse sa vocation religieuse.
Soutenu par l’influente Pauline Viardot, il obtient une commande de l’Opéra de Paris : Sapho. La création de l’opéra le 16 avril 1851 ne fait pas grand bruit et sa reprise à Londres le 8 août est catastrophique. En revanche, ses mélodies et sa musique chorale rencontrent un certain succès.
En 1858, il compose Le Médecin malgré lui, opéra-comique en 3 actes d’après Molière, sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré, avec qui il collaborera souvent. L’œuvre, créée au Théâtre-Lyrique, marque les débuts de son succès à l’opéra, qui grandira avec Faust en 1859. Cet opéra, au livret également écrit par Jules Barbier et Michel Carré, remporte un succès considérable avec 70 représentations la première année. En 1860, il écrit deux opéras-comiques : Philémon et Baucis et La Colombe. Il crée en 1862 La Reine de Saba, opéra qui s’arrêta au bout de quinze représentations à la suite de critiques mitigées ou carrément virulentes.
Loin de se laisser décourager par cet échec, Gounod poursuit la composition d’opéras avec Mireille en 1864 ; Roméo et Juliette, composé en 1867 pendant l’Exposition Universelle, connait un succès très vif.
Pendant la guerre contre la Prusse, il se réfugie à Londres où il dirige le chœur de l’Albert Hall pendant un an. Il ne rentre en France qu’en 1874. Il compose encore pour l’opéra mais sans l’inspiration d’autrefois. Il retourne alors à la musique sacrée avec un grand nombre de messes et deux oratorios : La Rédemption (1882), qui remporte un franc succès, et Mors et vita (1885).
Le 4 novembre 1888, il dirige la 500e représentation de Faust à l’Opéra de Paris, œuvre toujours appréciée du public.
En 1893, juste après avoir parachevé son Requiem en do majeur, il tombe dans le coma et meurt quelques jours plus tard. Ses obsèques, décrétées obsèques nationales financées par l’État, ont lieu en l’église de la Madeleine. Elles sont dirigées par Gabriel Fauré, avec le concours de Camille Saint-Saëns, et Théodore Dubois à l’orgue.
Charles Gounod laisse derrière lui environ 500 œuvres musicales.
Johann Wolfgang von Goethe
Johann Wolfgang von Goethe, né en 1749 à Francfort et mort en 1832 à Weimar, est un romancier, dramaturge, poète, scientifique, théoricien de l’art et homme d’État de la ville libre de Francfort.
Il étudie le droit à Leipzig pendant trois ans et à Strasbourg pendant un an sans réelle ambition. En 1772, il est reçu docteur, revient à Francfort de mai à septembre où il est nommé avocat de la chambre impériale, puis devient magistrat à Wetzlar. En 1773, il recommence à écrire. Au cours d’un voyage sur la Lahn, il compose devant le château-fort de Lahneck le poème Geistesgruss, traduit par Madame de Staël. En 1774, il publie les Souffrances du jeune Werther, qui le rendent immédiatement célèbre en Europe.
En 1775, il s’installe à Weimar et occupe divers postes d’État. En 1782, il est anobli et se voit confier la direction des finances de l’État. De 1786 à 1788, il a l’opportunité de parcourir l’Italie et se trouve inspiré par les paysages et les rencontres. Il revient à Weimar en 1788 et y restera jusqu’à sa mort.
En 1808, il rencontre à Erfurt l’empereur français Napoléon Ier, présent dans le cadre du congrès d’Erfurt, qui l’y décore de la Légion d’honneur.
Il rédige l’Urfaust ou le « Faust primitif » de 1773 à 1775. Ce texte contient le tiers du texte définitif. En 1790 sort le premier fragment de Faust, quinze ans plus tard paraît enfin la première partie de sa tragédie définitive. Il n’achèvera sa pièce que quelques jours avant sa mort en 1832, à l’âge de 83 ans.
Si Faust est considéré comme l’une des œuvres principales de l’artiste allemand, c’est non seulement parce qu’il s’agit d’une tragédie grandiose et extraordinaire, mais aussi parce que l’auteur y aura passé plus de soixante ans, du début de sa carrière jusqu’à sa mort. L’écrivain a aussi ajouté des éléments en lien avec sa vie. Déjà dans l’Urfaust, il insère une rapide satire des enseignements de l’université dispensés par des professeurs insipides, atmosphère que n’appréciait apparemment pas l’auteur.
On peut également retrouver dans l’œuvre l’atmosphère de Leipzig, qu’il reprend dans une scène de taverne, avec toute la gaieté qui y règne, mais que Goethe atténuera dans les Faust suivants. Il intègre aussi, et c’est ce qui est innovant, le drame de Marguerite, nouveau personnage dont Faust va s’éprendre. Quelques auteurs intéressés par Goethe ont émis l’hypothèse qu’il s’agisse en fait de Gretchen, le premier amour de l’écrivain (à 15 ans). Une tragédie de l’amour se tisse, quasi omniprésente dans le Faust définitif.